Boris Lesoir

Boris Lesoir

Chasseur de prime

Il porte un long manteau en pied de poule,un chapeau mou assorti,des lunettes fumées saumonées,une paire de santiaguo en croco.Il se fait appeler:le caméléon(en fait Léon de vrai nom,il trouvait ça marrant),mâche à longueur de journée un bubblegum à la groseille.Son pêché-mignon,c'est le homard grillé accompagné d'un petit beaujolais légèrement frais;il aime clôturer ce repas par un clafouti au citron vert.Sur sa carte de visite,on peut lire:détective privé,spécialisé dans tous les domaines;il veut rester discret,incognito,il aime brouiller les pistes(comme les oeufs qu'il adore de cette façon). En fait son vrai boulot c'est:tueur à gage,sa réputation n'est plus à faire,sa notoriété est connue sur tous les continents.Il en a butté plus d'un:Kennedy,Sadate,Lennon,Mao... Il n'y a que dans les milieux avisés,que l'on connait son tableau de chasse.Son excentricité lui a permise de passer à travers les mailles du filet,son travaille méthodique,sa discipline de fer aussi,bien sûr.Il ne se déplace qu'en Bugatti,type 50,quand on veut l'engager,c'est avec sa voiture,condition sine qua non.Il ne travaille pas à moins d'un milliard de dollars par contrat,minimum,avec deux engagements par an,maximum.Sa secrétaire,s'occupe des formalités,de la paperasserie,c'est elle qui gère le côté administratif,ainsi que le suivi de la clientèle;personne ne connait le vrai visage du caméléon;on ne l'a jamais vu.Sa secrétaire est canon,on prétend que c'est dulcinée,elle est métissée,du sang indien coule dans ses veines,mais aussi africain et normand.Elle a des yeux verts émeraude,légèrement bridés,des cheveux ondulés dorés,et une peau caramel dégageant une odeur de vanille,de bois de rose.Elle travaille à l'ancienne,pas d'ordinateur,pas de téléphone portable.Juste un vieux téléphone fixe,un fax et quelques dossiers manuscrits,rangés dans un coffre blindé,dont elle est la seule à connaitre la combinaison.Caméléon travaille sur son dernier contrat,éliminer un président important d'une grande nation dont je ne vous citerai pas le nom,pour ne pas compromettre son labeur.Il y a déjà plus de six mois qu'il est sur cette affaire.Il a changé bien des fois les scenarii,car ce n'est pas une mince affaire,peut-être son plus gros coup;pour la première fois de sa vie,il est dans le doute;n'ayant jamais échoué dans ses missions,aurait-il peur d'avoir perdu la main?Il ne peut pas faire machine arrière,renoncer,sachant que ce serait la fin certaine pour lui,de sa carrière,de sa vie.On le retrouverait,l'éliminerait,car trop dangereux de laisser un personnage tel que lui dans la nature.Il a fort maigri,méconnaissable,il travaille à élaborer un plan parfait,ne dors que trois heures par nuit.Carbure à la coke,pour tenir le coup,se goinfre de son plat favori,dans son appartement,un vivier géant prend presque toute la superficie de ce loft pourtant surdimensionné.Parfois quand le désespoir le prend,il plonge tout habillé,entouré de centaines de homards,trop ahuris pour s'en prendre à lui.Sa secrétaire est inquiète,sans nouvelle de lui,ses commanditaires de plus en plus nerveux la harcèle,elle les rassure tant bien que mal.Il perd les pédales,se plonge dans les dédales obscures,il voit sa vie en filigrane,le cerveau en compote;il ne se reconnait plus,tue quelques inconnus pour garder la main,se rassurer.Pour la première fois de sa vie,il envisage de faire appelle à vieil ami pour se sortir de cette impasse,lui qui a toujours refusé de s'associer;c'est un choix difficile pour ce loup solitaire.Mais il aime la vie,paradoxe de son métier meurtrier.Ne sachant pas se dépatouiller de cette situation inextricable,il va donc voir cet ami fidèle et lui demande conseil;celui -ci,ayant entendu les soucis de Léon,lui demande un temps de réflexion.Pendant un semaine,il se morfond,sans aucune nouvelle de son pote.Puis un matin,le téléphone sonne,c'est lui;ils se donnent rendez-vous dans des catacombes.Il arrive,heureux au lieu dit,certain de son amitié;il entre dans les ténèbres,les profondeurs d'un tombeau.Un coup de révolver,et le voilà étendu par terre,agonisant dans l'obscurité; son ami de toujours l'a trahis pour une poignée de dollars.



12/02/2013
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 16 autres membres